C’est à la Révolution Française en 1791 que l’école publique pour tous est inscrite dans la Constitution « Il sera créé et organisé une instruction publique commune à tous les citoyens, gratuite à l'égard des parties d'enseignement indispensables pour tous les hommes et dont les établissements seront distribués graduellement, dans un rapport combiné avec la division du royaume. »
Les gouvernements suivants n’ont pas mis en œuvre ce bon principe. Il a fallu attendre la Restauration et les lois Guizot du 28 juin 1833 pour imposer (mollement) aux communes de plus de 500 habitants de financer une école de garçons. L’école des filles ne sera obligatoire, qu’à partir des lois du 10 avril 1867.
Dès les plus anciens documents de Lagarde (1632), nous constatons que des habitants savaient signer. Dans les comptes communaux de 1750 une somme de 50 francs est destinée à la régence. Existait-il une école avec un « régent » aidés par la commune ?
Le 9 mai 1830 le conseil municipal refuse d’affecter des moyens pour l’entretien de l’école en évoquant la surcharge d’imposition due aux réparations de l’église et du presbytère.
La première délibération sur l’école primaire pour tous date du 20 janvier 1833. Monsieur le maire (Honoré Manent, propriétaire d’En Séguy) donne lecture de la circulaire du Sous-préfet « concernant la répartition des fonds de secours et d'encouragement affectés à l'instruction primaire ». Le conseil décide qu’il n’est pas possible de construire une maison école mais porte le traitement annuel de l’instituteur à 100 francs.
Le 18 août 1833, les élus, décident d’entretenir une école primaire élémentaire. Ils louent la maison du Sieur Pelous Sébastien pour le logement de l'instituteur et l'école communale. Le traitement de l’instituteur était porté à 200 F. Il devait enseigner gratuitement sept élèves de famille pauvre désignés par le conseil. Les autres élèves payaient tous les mois : 1 F pour les fils de commerçant, 1,5 F pour ceux qui apprenaient à lire et écrire, 2 F ceux des classes supérieures.
L’enseignant était Monsieur Jean Antoine Monfray, fils d’une ancienne famille de Lagarde, mais il n’avait pas le titre officiel d’instituteur. En mars 1836 il demande au Sous-préfet d’être titularisé. Le conseil municipal, questionné par le Sous-préfet « sursoit de quelques mois pour se rendre mieux compte des efforts d'instruction de M. Monfraix et de l'amélioration de son zèle qui laisse à désirer ». Le 12 juin le conseil accepte de lui donner le titre officiel en « espérant que M. Monfray redoublera de zèle et d'activité dans ses fonctions »
Malgré l’obtention des titres officiels, en septembre 1837 il est remplacé par M. Esidore Eugène Gleyses. Cette même année M. Monfray inaugure l’ouverture de l’école communale à Beauteville.
Le 14 mai 1840 le conseil municipal décide d’acheter une maison pour l’école. La Sous-préfecture répond positivement trois ans plus tard. L’école est alors installée dans la maison située à côté de la cuisine de l’actuelle salle des fêtes achetée au Sieur Pelous Pierre. Elle y restera jusqu’à la construction de la Mairie école en 1887 par M. Paul Pelous, maire de Lagarde (1814 -1903).
En 1860 une autre école a été créée à Lagarde par la Congrégation de la Saint Famille de Pézens.
Cette école était destinée à l’éducation des jeunes filles, elle fut installée dans la maison proche de la Halle Saint Julien connue encore des anciens comme « le couvent ». Les traces des religieuses de cette congrégation sont présentes dans les recensements de la population jusqu’en 1906.
Les lois du 10 avril 1867 qui obligent les communes de plus de 500 habitants d’avoir une école pour filles, la loi de Jules Ferry en 1882 instituant l'enseignement primaire public gratuit, laïc et obligatoire et la baisse considérable du nombre d’habitants de Lagarde ont dû avoir raison de l’école des religieuses.
L’école de la République a continué d’instruire gratuitement les enfants lagardais, la fréquence de l’école baissait un peu pendant les grands travaux des champs, mais le nombre de personnes sachant lire et écrire ne faisait que progresser. La formule « ont signé ceux qui ont su » que finissait les documents communaux a disparu.
Le nombre d’habitants de Lagarde a continué de baisser, en 1985 l’école a faillit être fermé. Aujourd’hui c’est par le biais des RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) que les écoles subsistent dans nos villages. Jusqu’à quand ?
Une vision trop comptable de la politique gouvernementale et la volonté de tout privatiser menacent l’école pour tous que a eu bien du mal à se réaliser.